Cuba ou la chienne de l’appropriation culturelle

Une Île, un parti communiste, des tsunamis nolisés de touristes blêmes, de la propagande qui parle de patrie ou de mort, un rythme qui déhanche, ça ne fait que créer un univers complexe et mystérieux.  J’y roule ma bosse de voyageuse depuis des années.  J’ai eu un sacré coup de foudre, pour ses gens surtout.  Il y a là une facilité de contact humain que j’ai très peu vu ailleurs.  Nous allons les voir mais peu d’entre eux auront la chance de sortir du pays.  Est-ce que c’est l’insularité qui rend les rapports si riches et intéressants?  Est-ce leur curiosité, leur avidité de savoir ce qui se passe ailleurs?  Bref, j’y ai fait au fil des années plein de rencontres qui m’habitent encore.

Dans ce pays, les histoires se comptent au pouce carré, je n’ai eu qu’à les cueillir à la pointe de mon pinceau.  Un photographe cubain m’a dit un jour qu’il rêvait d’avoir un appareil photo intégré au cerveau afin de ne rien manquer, de tout pouvoir capter simplement en faisant un clin d’oeil.

Ce livre racontera surtout mon retour au pays après cette fameuse pandémie.  J’avais envie d’aller voir comment ils allaient…

Pourtant ce projet ne ressemble à rien de ce que j’ai déjà fait.  Et oui, j’ai peur qu’on me reproche de parler d’une réalité qui n’est pas la mienne.  La fameuse appropriation culturelle qui fait trembler les artistes!  Et franchement, les opinions sont si différentes les unes des autres, tout dans l’île change aussi vite qu’une bonne ondée tropicale, alors j’avance doucement, comme une goutte d’eau salée qui tente de toucher le Malecón.

Denis Arcand disait l’autre jour à propos de l’appropriation culturelle qu’à son avis, on devrait tous avoir le droit d’aborder des sujets qui ne sont pas nos réalités.  Ça ne fait qu’apporter plus de richesse et de points de vue.  Je le crois aussi.  Et mes amis cubains m’ont confié leurs histoires, eux qui n’ont pas la chance de se raconter eux-mêmes, entourés qu’ils sont d’eau de toute parts (ouioui, référence au roman de Leonardo Padura!)

Trois petits tours pour la Havane sera mon troisième roman graphique et je crois bien que je vais l’adopter, ce titre!…  Parution quelque part dans un avenir prochain, aux Éditions Nouvelle Adresse.  Une bd, c’est long, mais pas aussi long que la bureaucratie cubaine!

Alors au travail!